Souffle Brumeux sentait cette chaleur qui glissait sur sa peau, longeant son corps avec délicatesse comme une caresse sensuelle. C'était si doux, brûlant sa chair lorsque le contact restait au même endroit trop longtemps. Cela lui plaisait, à tel point qu'il aurait pu rester ainsi encore de longues, très longues, heures. Il se sentait relaxé, ses muscles détendus comme ils ne l'avaient pas été depuis des jours.
Après donc des minutes entières à apprécier cette sensation, le mâle ouvrit doucement ses paupières pour laisser voir ses deux prunelles vertes-grises. Son regard vides et sa vision encore floue, il prit un moment pour refocaliser son esprit et remettre en place les derniers événements dans son cerveau.
Il se sentait simplement perdue, tandis que le monde autour de lui commençait enfin à ressembler à autre chose qu'une masse de couleurs floutées et informes. Alors, en une fraction de seconde, ces souvenirs lui revint comme un éclair. Ce fut comme si il ressentait une seconde fois l'impact de sa chute de la falaise.
Sa respiration se mit à accélérer rapidement, et le chat releva vivement sa tête en regardant autour de lui. Rien était exceptionnel, justement, tout était dès plus banal. Il était dans se qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à un antre de guérisseur, avec de multiples nids de mousses et un tas de plantes aux senteurs épicés et désagréables. Mais pourtant, il avait un mal fou à reprendre son souffle, comme si ses poumons s'imprégnaient de vide et que l'air restait aux bords de ses narines.
La panique commençant à engloutir chaque millimètre de son corps, il sentit cependant une forte patte sur son épaule qui le secouait. Papillonnant des paupières à de nombreuses reprises, il soutenu un instant le regard inquiet qui s'était plongé dans le sien : la guérisseuse du Clan de la Pluie. Elle semblait lui parler, mais le guerrier avait du mal à se concentrer sur sa voix. Il ferma donc ses yeux, mais de multiples flash de souvenirs d'horreurs lui firent les ré-ouvrir en un instant. Tous les derniers événements s’enchaînèrent à la suite dans sa mémoire.

La chute.
La douleur atroce.
La perte de connaissance.
Le voyage vers les nouvelles terres.
Le nouveau campement.

Finalement le mâle réussit à se focaliser sur la douce voix de la guérisseuse de son Clan, et suivit ses instructions calmes pour reprendre sa respiration. Il prit donc quelques minutes à retrouver son calme, mais gardait un regard qui brillait d’inquiétudes.
Jamais il ne s'était sentit aussi vulnérable, aussi fragile. Il baissa alors ses prunelles claires vers son propres corps, recouvert de toutes parts par des toiles d'araignées et des feuilles verdâtres douces. Il put alors remarquer à quel point ses muscles tremblaient et son état pitoyable.
Le chat releva rapidement ses iris vers la guérisseuse et miaula :

"- Où est Plume de Chouette ..?"

Il décida de se lever, mais celle-ci se précipita pour le faire se rallonger dans la mousse de son lit, le brin de voix inquiète. Elle lui répondit alors de ne surtout pas bouger et qu'elle partait chercher sa compagne au galop. Le chat se contenta donc de la regarder s'éloigner de lui et sortir du large buisson qui sevrait d'antre.
Il ferma ses paupières avant de soupirer longuement, se qui lui créa une forte douleur aux côtés. Grimaçant, il attendit sagement la venue de Plume de Chouette.

Souffle Brumeux ouvrit ses paupières, déposant doucement sa tête sur ses pattes antérieurs en attendant la venue de sa compagne. Il s'était un peu observer après que la guérisseuse est quitté l'antre, et avait pu constater les bandages qui entouraient une de ses pattes postérieurs. Et en essayant de se lever, il s'était rendue compte qu'il n'arrivait pas à tenir debout. Le chat était incapable de savoir si sa patte était cassée ou déboîtée, la douleur intense dans son corps l'empêchait d'avoir une idée précise et claire. C'est pourquoi il avait abandonné tout efforts de comprendre.
Mais au fond de lui, il avait terriblement peur. Terrifier de tout perdre avec cette chute.
Peur de perdre son grade. Peur de perdre ses capacités. Peur de perdre sa compagne..
Il se sentait ridicule. Un comble pour lui, un chat aux habitudes fière, arrogante et compétitive. Le matou laissa un nouveau soupir échapper de ses babines en fixant le vide pour essayer d'échapper à ses pensées et à sa souffrance.

Des bruits de pas indiscrets suivit d'une odeur trop familière lui fit lever les oreilles à leur maximum, et sa tête suivit le mouvement. Fixant de ses iris vertes-grises l'entrée de la tanière des guérisseurs, il vit arriver en clopinant Plume de Chouette. Il sentit alors son monde s'écrouler autour de lui, et son visage se décomposa petit à petit.
Pourquoi boitée-t-elle ? Qu'avait-elle à la patte ? Était-ce grave ?!?
Le guerrier sentit son cœur s'accélérer rapidement, il voulut se lever mais en était simplement incapable. La chatte vint vivement à son nid et miaula, la gorgée serrée :

"Mon Sou, oh non mon sou je n'aurais jamais du te laisser seul. Ne m'en veux pas Sou, je suis désolée, je suis désolée."

Le matou la regarda ébahie, la gueule légèrement ouverte et les yeux écarquillaient. Il n'en croyait pas ses oreilles. Plume de Chouette s'excusait-elle vraiment ? Elle qui était toujours une petite boule de colère, boudeuse à chaque minute, et qui déteste admettre ses tords. Elle qui aimait rejeter Souffle en quelques répliques mordantes qui attiraient encore plus le mâle.
Elle était entrains de s'excuser ? Pourquoi s'excusait-elle ?!?
Le matou n'eut pas le temps de dire quoi que se soit que la guérisseuse répliqua :

"Laisse moi voir cette patte Plume de Chouette"

"Je vais très bien ! Ma patte va très bien ! C'est de Souffle Brumeux dont il faut se préoccuper !"

Il reposa ses prunelles sur la patte visiblement endommagée de sa compagne, fronçant les sourcils tout en étant inquiet. Comment pouvait-elle dire une chose pareille ?!
Il n'y avait que pour Plume de Chouette que le matou pouvait oublier sa douleur. Il n'y avait que pour Plume de Chouette que le mâle pouvait enfreindre les règles. Il n'y avait que pour Plume de Chouette que le chat pouvait donner sa vie.
Finalement le verdict tombe rapidement, une simple foulure. Souffle Brumeux sentit la pression de ses épaules tomber en même temps que celle-ci, et il prit une grande inspiration. Il fit un petit sourire à sa femelle et miaula, piquant :

"- Je vois que tu es aussi maladroite que d'habitudes, Chou, certaines choses ne changent pas. Mais vu mon cas, je dirais que nous formons une belle paire."

... ... ... Ca m'apprendra à être émotive avec cette cervelle de souris. Je lui adresse un regard noir et dans un feulement je relève la tête, fronce le museau et répond :

Je reprends pratiquement mot pour mot son affirmation et le tourne à mon avantage. Il peut se moquer de moi, mais il doit s'attendre à avoir la monnaie de sa pièce ! J'esquisse un bref sourire narquois et avant qu'il ne puisse répondre j'ajoute :

Je fais une pause, attendant de voir sa réaction se dessiner sur ses traits avant de finir :

Je laisse échapper un bref ricanement quand à la tête de Sou puis je fais semblant de sortir de la tanière avant de bifurquer vers la guérisseuse et de lui demander à demi-mot les détails à propos de l'évolution de l'état de Sou'. Je veux bien faire semblant de n'en avoir rien à faire, mais il ne faut pas exagérer. Je sens mon échine se hérisser quand elle évoque les possibles complications qui peuvent survenir encore maintenant à cause de possibles infections. Je renifles méchamment, je suis totalement impuissante quand à la situation actuelle, et ça me fout en rogne cette histoire. Je rejette la tête en arrière, m'assois et ferme les yeux quelques instants emprunte à un dilemme plus ou moins insignifiant. Retourner aider le clan en tant que lieutenante ou rester aux côtés de Sou' pendant qu'il se rétabli ? J'ai juré devant le Clan des Étoiles de faire tout mon possible pour aider mon clan et le servir jusqu'à ma mort, mais je ne sais définitivement pas quoi faire...

Souffle Brumeux ne put s'empêcher de faire un sourire en coin en voyant le regard noir que lui adressait sa compagne, suite à ses paroles provocantes. Elle était tellement mignonne quand elle se mettait en colère, mais il préférait la voir bouder. Elle atteignait l'apogée de la "mignonitude" lorsque ses joues se gonflaient et devenaient rouges, et qu'elle partait bouder un peu plus loin.
Plume de Chouette renvoya donc d'un miaulement assez violent tout en fronçant du museau :

"Je vois que je me suis éprise d'un matou bête comme ses pattes, Sou. Certaines choses ne change pas tu sais. Mais vu mon cas, j'ai envie de dire que personne n'est pire que toi."

La petite sournoise avait reprit presque mots pour mots les dires du mâle pour les retourner contre lui. Il la fixa alors un petit moment, et se mit à exploser de rire. Ce genre de fou rire qui vous fait montrer toutes vos canines et pourrait vous tordre en deux, cela faisait bien longtemps qu'il n'en avait pas eu un.
Cependant il se mit à tousser fortement par la suite, arrêtant de rire sous la douleur qu'avait réveiller cette trop grande joie à ses côtes.
La lieutenante reprit alors rapidement ne lui laissant pas le temps de répondre :

"Finalement, je vais voir si je ne peux pas partir en patrouille vu qu'un sac à puce insolent n'a manifestement pas besoin de moi."

Le chat toussa encore un petit peu, et regarda sa compagne de ses iris vertes-grises, le visage neutre. Il souffla du museau, avant qu'un petit sourire sincère ne vienne illuminer sa figure. Il était rare que le mâle ait une expression aussi sincère et détendue, d'habitude avec son sourire sournois et son expression piquante. Ces derniers jours avaient été assez révélateur pour le couple sur chacun.
Après un petit silence, Plume de Chouette reprit tout en ricanant :

"Je suis désolée mon Sou, mais j'avais peur qu'en étant trop gentille tu ne me reconnaisses pas ou que tu ne veuilles plus de moi, j'espère que tu passeras une bonne journée, réveillé et seul mon Sou !"

Souffle Brumeux fronça son museau et lui tira légèrement la langue en souriant, grimaçant comme un enfant face aux paroles de sa compagne. Elle fit donc demi-tour pour se diriger vers la sortie de l'antre de la guérisseuse mais se dirigea finalement vers la chamane.
Le guerrier n'entendit pas les mots qu'ils échangeaient, ses oreilles légèrement sifflantes avec les derniers événements. Il laissa tomber sa tête lourdement dans la mousse, regardant les yeux mis-clos le dos de Plume de Chouette.
Il avait hâte de sortir d'ici.
Finalement, voyant que leur conversation durait trop longtemps, le matou miaula simplement sans bouger car trop fatigué :

"- C'est quoi ces messes basses ?"

La remarque de Sou me fait sursauter. J'étais tellement plongée dans mes pensées que je n'avais pas fait attention à lui ne serais-ce qu'une seconde. Je me relève, secoue mon pelage pour en décoller la plus petite poussière. Même en faisant un geste aussi routinier, je me replonge dans les poussières de mes pensées.

Je suis une lieutenante, et ce n'est pas pour rien. L'assemblée approche. Ce sera la première depuis le grand départ et je suis resté aux côtés de mon compagnon pendant deux bon tiers de cette lune. Et là qu'est ce que j'envisage ? D'y rester à nouveau ? Le problème, c'est que je sais que je me ferais un sang d'encre au moindre mouvement que je ferais à l'extérieur du camp et donc loin de cette boule de poil vaniteuse.

Je finis par me retourner pour faire face à Sou. Je lui offre un sourire forcé avant de m'asseoir à ses côtés et de commencer à lui faire sa toilette. A coup de vigoureux coup de langue, je remets son poil dans le bon sens et le démêle. Tout ça, me dis je, pour éviter d'affronter ses questions et ses remarques qui ne tarderont pas à pondre. Il me connaît mieux que la femelle qui m'a mit au monde, il sait que quelque chose ne va pas, moi même je le sais qu'il sait.

J'inspire brusquement, je pars trop loin dans mes propres délires. Respire Chouette, respire. Il ne s'agit que de Sou. Ça fait tellement longtemps que j'ai pas été aussi nerveuse à ses côtés, tellement longtemps que je ne me souviens pas de la dernière fois que c'est arrivé. J'espère qu'il comprendra que j'ai juste besoin de sa présence pas de parler, du moins pour le moment. Quand sa toilette est finie je me remets délicatement contre lui et plonge mon museau dans sa nuque pour humer sa douce odeur que je reconnaitrais entre mille.

J'ai presque l'impression que les larmes me montent aux yeux. Comment se fait il que, moi Plume de Chouette, la chatte presque sadique du clan de la Pluie, pleure ? Je n'en sais fichtre rien, mais je sais que tout ça est du à l'angoisse de ces derniers jours et à la peur permanente à propos de l'état de Sou. Je pense qu'il fallait juste que je craque à un moment ou à un autre. Alors je laisse mes larmes salées venir tremper mon visage et imbiber le doux pelage de Souffle. Je déglutis avec difficulté, la gorge nouée par les sanglots à venir.

Alors je préfère me lever et faire ce que j'ai toujours fait de mieux. Essayer de me détacher émotionnellement jusqu'à que les larmes s'arrêtent, et c'est ce que je fais. Je ferme les yeux, bloque peu à peu mes peurs et mes angoisses pour en devenir que Plume de Chouette, une jeune femelle compagne de Souffle Brumeux, mais dès que j'ouvre les yeux et qu'ils se posent sur Souffle Brumeux, mes barrières s'effondrent aussitôt et je me blottis contre Souffle Brumeux en sanglotant.

Souffle Brumeux releva sa tête pour attendre la réponse de sa compagne, ouvrant d’avantage ses paupières. Il la regardait avec un petit sourire en coin assez narquois, un qu’il avait l’habitude de prendre avant sa chute. Mais voyant que Plume de Chouette restait là, sans bouger, sûrement à se débattre avec un flux impressionnant d’émotions et de pensées peu joyeuses, le chat laissa son sourire faner doucement. Ses oreilles suivirent le mouvement de sa bouche, et perdirent de leur hauteur, tandis qu’il ramena sa fine queue contre son corps.
Finalement, la féline se tourna vers lui, et afficha un sourire forcé. Un sourire de façade. Et cela lui fit mal. Horriblement mal.
Il la connaissait par cœur, mieux que n’importe qui sur ses terres et dans les cieux. Il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert et savait chacune de ses mimiques sur le bouts des pattes. Oh oui, il   connaissait parfaitement chacune de ses courbes, chacun de ses traits, chacune de ses expressions. Tous ses défauts, toutes ses qualités. Il savait tout d’elle.
Mais jamais, jamais, il ne l’avait vu hypocrite. Et jamais, oh jamais, il n’aurait imaginer qu’un jour elle lui offrirait un tel sourire. Un faux sourire pour le réconforter. Ça n’était simplement pas elle. Cette femelle qui était toujours franche, beaucoup trop franche, quitte à blesser, à crier et à se mettre en colère.


Souffle Brumeux, trop absorber, n’avait pas remarquer que la féline était maintenant assise à côté de lui et nettoyer son pelage crasseux à grands coups de langues. Pourtant il l’avait suivit des yeux, mais son cerveau n’avait pas collecter l’information.
Il avait tellement de choses à dire à Plume de Chouette, mais il n’osait pas, car il savait très bien qu’elle ne voulait pas les entendre. Alors le chat resta simplement muet, lâchant son regard de sa compagne pour le poser sur ses pattes antérieurs. Il eut quand même le réflexe d’entourer sa compagne avec sa queue, lui offrant un peu de réconfort physique plutôt que moral.
Leur situation faisait peine à voir. Et si il y avait une chose que le mâle détestait, c’était recevoir de la pitié. Donc les regards des autres chats présents commençaient sérieusement à lui brûler la peau, mais c’était une douleur tout de même moins intense que celle qu’il ressentait à ses côtes. Ses côtes.. il ne préférait même pas y penser tellement cette souffrance prenait toute la place dans son esprit. Si il commençait à se perdre dans sa douleur, il doutait de pouvoir s’en sortir.
Le chat toussa bruyamment, fermant ses paupières pour profiter un peu de l’attention que lui portait Plume de Chouette en démêlant ses poils. Si ça venait de n’importe qui d’autre il aurait feuler qu’il pourrait le faire lui-même, qu’il n’avait pas besoin d’aide. Mais cela venait de sa femelle, et c’était simplement d’un grand réconfort après cette épreuve. Il se sentait même comme protégé du monde extérieur, seuls eux comptaient. Et cela, c’était le plus important.


Sa toilette terminée, il grommela intérieurement que cette sensation de protection se soit évaporer, ouvrant ses yeux, mais le vide fut rapidement comblé. En effet, Plume de Chouette se colla à lui et vint enfouir son museau humide dans la nuque chaude du matou. Il sentait sa respiration contre sa peau, régulière mais nerveuse, et entoura d’avantage la féline avec sa queue, resserrant également son corps autour d’elle.
Il ne voulait pas la laisser partir, il n’avait pas envie, mais il faudrait qu’elle retourne à ses activités. C’était la puissante et indomptable lieutenante du Clan de la Pluie, prête à tout pour son Clan, ses camarades, sa meneuse. Et le chat se sentait vraiment comme un poids qu’elle traîner, car il l’empêcher de repartir gérer le Camp, faire des patrouilles, chasser.
Il détestait aussi cette sensation d’être inutile. Il détestait absolument tout à cet instant, tout sauf elle. Car elle était tout se qu’il avait.


Le guerrier toussa, une fois de plus, enfouissant son museau dans le creux de son coude pour étouffer le bruit. Puis releva la tête pour poser ses iris vertes-grises vers sa compagne lorsqu’il sentait quelque chose de mouiller toucher sa peau.
Il la regarda intensément, suivant des yeux les perles salées qui roulaient le long de ses joues et qui venaient tremper sa nuque. Elle avait l’air complètement brisée, et ça fit une nouvelle fois mal. Il avait mal de la voir dans cette état. Et tout ça c’était de sa faute, bien qu’il ne l’avouerait pas à voix haute, beaucoup trop fier. Mais elle avait tellement donnée, tellement endurée elle aussi, qu’il était surprit qu’elle n’avait pas craquée avant.
Elle se blottit contre lui, et le mâle en fit de même, mettant en maximum de contact entre leur deux corps.


Mais voulant mieux se positionner contre sa compagne, il sentit une douleur intense lui prendre près de ses côtes. Il émit alors, contre son grès, un hochet de douleur et de surprise face à cette souffrance si soudaine. Et par réflexes plus qu’autre chose, le chat se détacha de Plume de Chouette en poussant avec ses pattes le sol, le faisant glisser à peine quelques centimètres plus loin.
Il ne sentit pas la douleur que cet effort procura à sa patte blessée, car cela ressemblait à une piqûre de moustique comparait à ses côtes. Puis le matou toussa bruyamment, sa respiration sifflante et saccadée, tandis qu’il était allongé sur le sol en se tordant dans tous les sens.
Il entendit de l’agitation autour de lui, sûrement la guérisseuse et Plume de Chouette qui c’étaient précipités. Mais il n’arrivait pas à se concentrer sur eux, à se concentrer sur leur odeurs ou sur leur voix, il était comme absorber par la sensation de brûlure qui émanait de ses poumons. C’était la chose la plus atroce qu’il n’ait jamais ressentit.
Il continuait de tousser inlassablement, l’empêchant d’avantage de respirer correctement. Le chat se mit sur son ventre et l’horreur monta d’un cran lorsqu’il sentit du liquide remonter dans sa gorge. Et sans prévenir, sa toux fut remplacer par du vomit.
Cependant le matou n’avait rien manger depuis sa chute, absolument rien, c’est donc un flot de bile qui vint recouvrir le sol herbeux devant sa figure. Il gémit piteusement, essayant de reprendre son souffle, puis recracha une nouvelle fois de la bile. L’odeur acide juste au dessus de son museau n’arriva pas à son cerveau, trop noyé dans la douleur, cependant l’odeur métallique, lui, arriva bien à ses neurones. C’est ainsi que des filets de sang commencèrent à se mélanger à sa bile, lorsqu’il vomit pour la troisième fois.


N’en pouvant plus, le chat se laissa tomber par terre pour de bon, allongé sur le côté alors que sa bouche entre-ouverte laissant encore du liquide couler. C’était devenue un mélange visqueux entre de la salive, du sang et de la bile.
Son échine se gonflait de plus en plus difficilement à chaque respiration qu’il arrivait à prendre, et chacune de celle-ci lui faisait horriblement mal en plus de faire un son pitoyable. Sans s’en rendre compte, des larmes avaient perlés au coin de ses yeux, et certaines d’entre-elles roulaient déjà sur ses pommettes redevenues sales, tandis qu’il gémit de nouveau.
Il ferma ses paupières, à bout de forces.

Spoiler:

Blottie contre Souffle Brumeux, je mis ses toussotement sous la force, bien que faible, de mon assaut. Cependant, lorsqu'il se mit à bouger pour se mettre plus à l'aise, je sentis et surtout entendis un brusque crie de douleur. Je relève la tête et le regarde, les yeux arrondis sous la surprise et la détresse de Sou.

Je ne sues s'il était vraiment conscient ou si la douleur l'aveuglait et le tétanisait lorsqu'il chercha à me repousser en s'appuyant sur ses pattes, finissant de bref centimètres plus loin. Les larmes inondèrent mes iris déjà rougies par les précédentes quand je vis et compris que Souffle Brumeux ne se calmait pas et qu'il pourrait ne jamais se calmer sauf grâce à une issue.

Me refusant à cette idée je m'approche de lui et lui murmura mots et mots de soutien, d'amour et qui, j'espère au plus profond de moi, lui permettrait de se calmer et de chercher à mieux respirer. Ce fut peine perdue quand je le vis commencer à se tordre de douleur, alternant gémissement et toussotement pour finir par un mélange horrible qui donnerait mal au coeur à quiconque l'entendait.

Je plonge mon regard dans le sien cherchant une seule bribe de conscience ou de calme dans ses yeux. Rien, que des iris si verts qu'ils en devenaient vitreux. Il ne montrait que la violence de l'assaut qu'il subissait et le mal qu'il endurait. Je m'interdis de pleurer, je n'en avais pas le droit, pas tant que Sou' souffrait autant et si longtemps.

Je fronce mes sourcils, regarde la guérisseuse tenue à l'écart, les iris dilatés devant l’atrocité de la scène avant qu'elle ne secoue la tête et me regarde. Je lui hurle au museau de se reprendre et de faire ce pour quoi elle était formée : lui sauver la vie.

S'activant autour de Souffle Brumeux, la jeune guérisseuse tâte, écoute, regarde et bouge autour de Souffle Brumeux pour comprendre le problème. Souffle brumeux bascule subitement sur le ventre, les spasmes de douleur lui contractant chaque muscle à tel point que c'était visible par dessus son pelage. Les spasmes chavirent petit à petit au niveau de ses côtes et de son ventre et je compris qu'il allait vomir. Aussitôt pensé qu'il ouvre la gueule pour laisser sortir des fluides transparents qui n'étaient autre que de la bile.

Aussi vite que la première fois, son ventre se contracte encore et il continue de rejeter la bile de son estomac. Cependant, il fait des bruits de plus en plus étranglés. En dépit de ses horribles gémissement et toussotement qui entrecoupaient ses rejets, ce fut un fluide pourpre qui se logea petit à petit dans le liquide transparent et visqueux.

La guérisseuse finit par se décider et m'explique :


Je dois ressembler à une boule de nerf à m'agiter juste à côté de mon compagnon souffrant le martyr. Elle tapote ses cotes très doucement et hoche la tête puis la relève et déclare d'un ton sur :



Je titube en arrière avant de m'asseoir. Je relève la tête, clos mes yeux et inspire longuement comme s'il s'agissait de ma première bouffée d'air.

Il va s'en sortir. Il va s'en sortir. Je me répétais cette phrase, une phrase que j'ai attendue pendant des minutes, des heures, je ne sais plus vraiment. Je jette un bref regard à l'extérieur de la tanière et découvre un soleil déclinant, noyant le ciel dans un mélange orangé. Mes pattes tremble, mes babines aussi. Je respire. Il respire. Il est vivant. Et je le suis aussi.

Je replonge mon regard vers un Souffle Brumeux léthargique, gisant sur le côté, la gueule ouverte et oscillante entre le rouge du sang et la transparence presque blanche de la salive et de la bile. Son visage est humide des larmes qui ont coulés sans qu'il le ressente, je pense. Ses narines frémissent, ses poumons sifflent à chaque fois qu'ils se gonflent et se vident. Ses yeux aux couleurs verts olives si beaux sont clos. Fatigue ? Douleur ? Évanouissement ? Je n'en connais pas la cause.

Tout ce que je retenus c'est qu'il est vivant et qu'il allait s'en sortir.